BANDA / 2019 / 120 x 120 cm

De l’espace urbain aux galeries d’art, des graffiti sur tôles de métal au dessin

Pionnier dans l’art du Graffiti, Kool Koor commence sa carrière en s’exprimant sur des panneaux de métal et de bois qu’il trouve dans des immeubles abandonnés dans son quartier d’enfance du South Bronx.

Dès 1976, il commence à prendre le métro et pratique le graffiti dans l’espace urbain new yorkais. Il travaille le graffiti à la bombe aérosol et à la main levée. Il côtoie de nombreux groupes d’artistes différents et se fait très vite remarquer. Ainsi, il participe à une exposition dans une galerie d’art du Bronx dès l’âge de 16 ans.

Des graffitis dans l’espace public aux peintures sur toile non figuratives

Le mouvement hip-hop encore à ses débuts, connaît alors une expansion mondiale. Un collectionneur ayant organisé une exposition collective à Bruxelles en 1984 où figuraient des noms tels que Jean-Michel Basquiat ou Keith Haring décide de lui consacrer une exposition solo l’année suivante. En Europe, Koor découvre une « terre vierge » où il peut s’exprimer de manière plus libre qu’à New York où il y a beaucoup plus de concurrence. De séjour en séjour, il finit par s’installer à Bruxelles, capitale de l’Europe d’où il continue sa carrière d’artiste graffeur de rue et de galerie d’art.

Après avoir expérimenté les mondes élaborés de science fiction, des robots géants et des astronautes, Charles Hargrove éprouve le besoin de revenir à l’essence même de sa peinture, et il considère qu’il s’agit du mouvement. Il observe son environnement: dans la nature ou en ville et son environnement se manifeste toujours par le mouvement. Sa trajectoire en tant qu’être humain aussi est caractérisée par le mouvement. Il a grandi dans le South Bronx, dans une famille caribéenne. Ce qui fait qu’il a des informations sur ses origines. Mais sa quête en tant qu’individu est de se connaître lui-même et donc aussi de savoir d’où il vient. Il s’est toujours posé des questions et s’en pose encore aujourd’hui. Et le fait de répondre à certaines de ses interrogations lui permet de donner un sens à sa vie.

« Je pense que tout ce que l’on fait est un voyage pour arriver à l’essence de quelque chose. Je pense que mon parcours artistique a été une exploration de nombreuses choses. Au fil du temps, j’ai commencé à éliminer des choses inutiles dans ma vie. Cela m’a amené à ce genre de mouvement sans structure. »  K. Koor 

L’exposition Wax Masters constitue un tournant dans la carrière de l’artiste. D’abord parce que c’est la première fois qu’il éprouve le besoin de représenter des objets figuratifs dans ses tableaux. Mais il découvre également un processus créatif plus lent, qui s’apparente à un processus méditatif de rencontre avec soi. Dans ce cas-ci, ce soi représente ses racines caribéennes qui proviennent elles-mêmes de la Guinée Conakry. Il introduit ainsi des objets qui représentent une partie de sa culture d’origine: des masques Baga, un arbre à palabres, des incantations divines, un bateau qui symbolise le voyage des esclaves africains vers le Nouveau Monde.

Cette exposition est le fruit d’une résidence entre Alexandre Keto et Kool Koor au centre culturel La Manufacture à Ixelles.

L’agencement des œuvres dans l’espace d’exposition par les artistes témoigne d’une réelle recherche du duo. L’un ayant étudié l’architecture et le design d’intérieur dans une Haute Ecole américaine prestigieuse apporte sa grande capacité à penser l’espace en termes de volume. L’autre étant baigné par la culture des Orishas au Brésil apporte son intérêt pour la notion de voyage à travers l’Atlantique. Le Brésil est l’endroit au monde où vivent le plus d’Africains après l’Afrique elle-même.

Chaque pièce de l’exposition représente un élément : le vent, l’eau, le feu, la terre. En plus d’utiliser du café comme nouveau pigment à sa peinture, ils introduisent également l’utilisation du wax, un tissu emblématique africain fabriqué en Europe et introduit en Afrique par les marchands hollandais à l’époque du commerce triangulaire.

Bref, dans ce projet, Kool Koor se révèle être un artiste en pleine recherche métaphysique. Et il semble que ce soit uniquement le début d’un nouveau type d’interrogations chez lui. Ce qui me fait dire qu’il est passé d’une recherche exploratoire de l’espace public à une recherche exploratoire introspective. Il s’agit bien d’un travail artistique qui fait appel à la force poétique de la mémoire et du religieux, comme le décrit Achille Mbembe dans son ouvrage, Sortir de la grande nuit.