Dans son titre Basique, Orelsan affirme: « à l’étranger, t’es un étranger, ça sert à rien d’être raciste ».
S’il ne s’agit pas de remettre en question la vérité toute plate de cette assertion: « ça sert à rien d’être raciste ». Le rappeur français pose ici une question intéressante. Sommes-nous toutes et tous des étrangers à l’étranger?
Car justement en vertu du principe de Terra Nullius institué par le peuple hégémonique à l’échelle planétaire, l’Homme blanc est chez lui partout, là où les autres ne semblent y être nulle part.
Le colon blanc est arrivé en Afrique, il était chez lui. Il est arrivé en Amérique, il était chez lui. En Australie? chez lui. En Nouvelle Zélande? chez lui. En Océanie? En Asie? (voir des articles sur les empires coloniaux pour plus de détails). Et encore aujourd’hui, lorsqu’un.e Français.e s’installe à l’étranger, c’est en tant qu’expatrié.e comme si le fait d’être un.e immigré.e lui passait par-dessus la tête. Pourtant il/elle s’inscrit au service d’immigration du pays hôte comme le commun des mortels, mais cela semble totalement lui échapper.
De l’autre côté, les personnes non blanches ne jouissent pas des mêmes privilèges en termes de possibilités de déplacement.
C’est un fait. Et ce ne sont pas les milliers d’êtres humains qui chaque jour traversent la Méditerranée au péril de leur vie qui me contrediront.
Et on ne peut pas dire que les musées occidentaux qui s’érigent depuis les années 1980 comme les garants de la multiculturalité participent à un réel changement de mentalité et d’imaginaire. Ces anciens musées ethnographiques qui présentent des objets et voire selon eux, des cultures entières d’Afrique, d’Océanie ou d’Amérique parlent encore en 2019 de « découvertes ».
J’en ai dernièrement fait les frais lors d’une visite prétendument décoloniale. Un des membres de la direction de cette institution avait décrété que le guide originaire de la même région d’Afrique que celle d’où les objets venaient offrait au public des visites décoloniales.
En guise de visite décoloniale, il semble que le visiteur soit amené à être le témoin d’une suite de découvertes faites par des hommes blancs… autant dire que la déception était au rendez-vous… enfin, cela ne nous rendra pas le Congo, n’est-ce pas?